Le règlement de l'UE sur la déforestation (RDUE) constitue une avancée législative majeure vers un commerce durable et une responsabilité environnementale. Il a été introduit pour répondre aux préoccupations croissantes concernant la déforestation provoquée par la consommation de certains produits de base dans l'UE. Ce règlement affecte directement les entreprises importatrices et exportatrices de produits agricoles et forestiers essentiels sur le marché européen.
Pour les professionnels des chaînes d'approvisionnement, de la conformité, des achats ou du développement durable, la compréhension du RDUE est essentielle. Ce règlement fixe des critères stricts que les entreprises doivent respecter pour accéder au marché européen, mettant l'accent sur la traçabilité, la diligence raisonnable et la responsabilité tout au long de la chaîne de valeur. Il reflète également une stratégie européenne plus large visant à lutter contre le changement climatique, à préserver la biodiversité et à promouvoir des pratiques commerciales éthiques.
Pourquoi l'EUDR a été introduit
L'EUDR introduit un nouveau cadre juridique visant à réduire l'impact de l'UE sur la déforestation mondiale. Pour comprendre son fonctionnement, examinons d'abord sa définition et son objectif juridique principal.
Exigences juridiques fondamentales
EUDR signifie Règlement de l'Union européenne sur la déforestation. Adopté en juin 2023 sous le nom de Règlement (UE) 2023/1115, il interdit la commercialisation, la mise à disposition ou l'exportation de certains produits et matières premières, sauf s'il est prouvé qu'ils sont :
- Sans déforestation (produit sur des terres non soumises à la déforestation après le 31 décembre 2020).
- Produit dans le respect des lois en vigueur dans le pays d'origine.
- Couvert par une déclaration de diligence raisonnable confirmant un risque faible ou nul de déforestation.
L’objectif principal est de réduire la contribution de l’UE à la déforestation et à la dégradation des forêts à l’échelle mondiale tout en promouvant une consommation plus durable.
Ce que le règlement exige
L'EUDR s'inscrit dans le cadre plus large du programme environnemental de l'Union européenne, qui comprend des cadres majeurs tels que le Pacte vert pour l'Europe et le paquet « Ajustement à l'objectif 55 ». Ces initiatives visent à rendre l'UE climatiquement neutre d'ici 2050 et à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 551 TP3T d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. La lutte contre la déforestation mondiale est essentielle pour atteindre ces objectifs, car la perte de forêts est un facteur majeur d'émissions de carbone et de déclin de la biodiversité.
Au-delà du changement climatique, cette réglementation répond à l'inquiétude internationale croissante face à la destruction des écosystèmes naturels et aux droits des peuples autochtones. Les forêts ne sont pas seulement des puits de carbone, elles abritent également environ 801 espèces terrestres et fournissent des moyens de subsistance à plus d'un milliard de personnes. La demande incontrôlée de produits de base comme le soja, l'huile de palme et le bétail a contribué à l'apparition de foyers de déforestation, notamment dans les régions tropicales.
L'EUDR reconnaît que la légalité seule ne suffit pas. De nombreuses activités de déforestation sont techniquement légales dans leur pays d'origine, mais restent néfastes. Le règlement introduit ainsi de nouvelles normes environnementales et éthiques qui vont au-delà du droit national. Il marque une évolution vers un modèle commercial basé sur la responsabilité, où importateurs et exportateurs doivent prendre en compte les impacts de leurs chaînes d'approvisionnement sur l'environnement et les droits humains.
Que couvre l'EUDR ?
Le RDUE s'applique à un ensemble spécifique de produits et d'acteurs tout au long de la chaîne d'approvisionnement. Comprendre la portée de ce champ d'application est essentiel pour évaluer les obligations de conformité.
Produits et marchandises concernés
Le règlement s'applique à sept produits à haut risque et à de nombreux produits dérivés. Parmi ceux-ci figurent :
- Bétail: Comprend les bovins vivants, la viande, les abats, le cuir et les peaux.
- Cacao: Haricots, pâte, beurre, poudre et chocolat.
- Café:Fèves vertes et torréfiées, cosses et extraits.
- Huile de palme:Brut, raffiné et dérivés.
- Soja: Haricots, farine, huile et semoule.
- Bois:Bûches, bois d’œuvre, produits du bois, papier et pâte à papier.
- Caoutchouc:Caoutchouc naturel et une gamme de produits manufacturés en caoutchouc.
En outre, le RDUE s'applique à tous les produits qui contiennent ces matières premières, qui ont été utilisés dans l'alimentation animale ou qui ont été fabriqués à partir de ces matières premières. Parmi les exemples figurent les meubles, le chocolat, les articles de maroquinerie et les livres imprimés.
Opérateurs et commerçants concernés
L'EUDR distingue deux catégories :
- Opérateurs:Entreprises qui placent des produits pertinents sur le marché de l’UE ou les exportent.
- Commerçants:Toute autre entité de la chaîne d’approvisionnement qui met des produits à disposition mais n’importe ni n’exporte directement.
Les deux groupes ont des responsabilités spécifiques, même si les opérateurs assument la principale charge de la conformité.
Exigences clés du RDUE
Pour se conformer à l’EUDR, les entreprises doivent satisfaire à plusieurs exigences fondamentales, notamment une diligence raisonnable complète, une traçabilité complète et des rapports formels.
Obligation de diligence raisonnable
Avant de mettre leurs produits sur le marché, les entreprises doivent mener une procédure complète de diligence raisonnable. Cela comprend :
- Collecte d’informations détaillées sur l’origine du produit, la chaîne d’approvisionnement et la conformité.
- Évaluer le risque de déforestation ou d’illégalité.
- Prendre des mesures d’atténuation si nécessaire pour éliminer ou réduire les risques.
Le fait de ne pas effectuer la diligence raisonnable entraîne effectivement une non-conformité, même si le produit lui-même est légal ou exempt de déforestation.
Géolocalisation et traçabilité
L'un des éléments les plus importants de la conformité à l'EUDR est la traçabilité. Les entreprises doivent fournir les coordonnées de géolocalisation des terres où les matières premières ont été produites. Cela permet aux autorités de vérifier qu'aucune déforestation n'a eu lieu après le 31 décembre 2020.
La traçabilité doit être précise à l'échelle d'une parcelle et étayée par des preuves crédibles. Sans cela, un produit ne peut être commercialisé ni exporté légalement depuis le marché de l'UE.
Déclaration au système d'information de l'UE
Afin de simplifier l'application et de garantir la transparence, toutes les déclarations de diligence raisonnable doivent être soumises via le Système d'information centralisé de l'UE. Cette plateforme numérique, actuellement en cours de développement par la Commission européenne, servira de référentiel de données de conformité pour tous les opérateurs et commerçants couverts par le RDUE.
Chaque déclaration de diligence raisonnable doit être soumise avant la mise sur le marché ou l'exportation d'un produit. Cette déclaration doit inclure :
- Identification et volume du produit.
- Pays de production.
- Coordonnées de géolocalisation de toutes les parcelles pertinentes.
- Résultats de l'évaluation des risques.
- Mesures prises pour atténuer les risques.
- Une déclaration de conformité signée par l'opérateur.
Les autorités nationales des États membres de l'UE accéderont à cette plateforme pour contrôler la conformité, signaler les anomalies et prioriser les inspections. Le système devrait également être interopérable avec les bases de données douanières et commerciales, permettant ainsi un contrôle automatisé des importations basé sur les risques. À terme, il pourrait s'intégrer aux systèmes de surveillance par satellite et de vérification par des tiers, augmentant ainsi l'efficacité et réduisant les contrôles manuels.
Les exploitants doivent conserver les déclarations et les pièces justificatives soumises pendant au moins cinq ans. Des révisions et mises à jour annuelles sont requises en cas de modification des chaînes d'approvisionnement ou de publication de nouvelles informations.
Calendrier de mise en œuvre
Le RDUE a été officiellement adopté en juin 2023 et sera appliqué par étapes afin de laisser aux entreprises le temps de s'adapter à ses nouvelles obligations. Cette mise en œuvre progressive implique que différents types d'entreprises seront confrontés à des échéances en fonction de leur taille :
- Les grandes entreprises doivent se conformer au règlement d’ici le 30 décembre 2025.
- Les petites et micro-entreprises disposent de six mois supplémentaires, avec une date limite fixée au 30 juin 2026.
Ces délais s'appliquent aussi bien à la mise sur le marché de l'UE qu'à l'exportation de produits hors de l'UE. Cependant, l'application progressive ne se limite pas aux dates : elle implique également que les entreprises doivent profiter de cette période intermédiaire pour se préparer, notamment :
- Cartographier leurs chaînes d’approvisionnement et identifier la provenance des matières premières réglementées par l’EUDR.
- Collecte de données de géolocalisation pour chaque parcelle de production concernée.
- Collaborer avec les fournisseurs pour assurer la traçabilité et la conformité légale.
- Mise en œuvre de systèmes de diligence raisonnable internes et formation du personnel.
- Préparation du téléchargement des déclarations de diligence raisonnable dans le système d'information de l'UE.
En outre, le bois et les produits dérivés récoltés avant le 29 juin 2023 sont exemptés de certaines exigences jusqu'au 31 décembre 2027, ce qui permet aux entreprises ayant de longs cycles de production de s'adapter sans être pénalisées rétroactivement.
Retarder la préparation comporte des risques réels : les entreprises qui ne sont pas prêtes à la date limite s'exposent à des restrictions d'accès au marché, à des saisies de produits ou à des amendes réglementaires pouvant atteindre 41 TP3T de chiffre d'affaires dans l'UE. La conformité dépendant d'une collaboration transfrontalière complexe et d'une collecte de données précise, se préparer à la dernière minute n'est pas une option viable.
Il est essentiel pour les entreprises qui souhaitent maintenir leur accès au marché de l’UE et éviter les conséquences juridiques ou financières de commencer les préparatifs bien à l’avance.
Application et sanctions
L'application du RDUE est déléguée aux autorités compétentes de chaque État membre de l'UE. Ces organismes appliqueront une approche fondée sur les risques pour déterminer les opérateurs ou les commerçants à inspecter. Le profilage des risques prendra en compte :
- La classification du pays d'origine (risque élevé, standard ou faible).
- La complexité de la chaîne d'approvisionnement.
- Historique des violations ou non-conformités antérieures.
- Le type de produit et son risque de déforestation.
- Informations fournies dans la déclaration de diligence raisonnable.
- Alertes externes, telles que des rapports d’ONG ou des données satellites.
Les inspections peuvent impliquer des audits de documents, des analyses de la chaîne d'approvisionnement et des échantillonnages de produits. Les autorités peuvent également utiliser des outils avancés, notamment des tests ADN, des images satellite et des techniques médico-légales, pour vérifier l'origine et l'espèce des produits.
Si une entreprise est jugée non conforme, des mesures correctives peuvent être ordonnées immédiatement. Celles-ci peuvent inclure le retrait du produit, l'interdiction de commercialiser ou la remise en état de la chaîne d'approvisionnement. Outre les mesures administratives, les sanctions peuvent inclure :
- Des amendes pouvant atteindre 4% du chiffre d'affaires de l'entreprise dans l'UE.
- Saisie ou destruction de biens.
- Exclusion des marchés publics ou des financements de l’UE pendant une durée pouvant aller jusqu’à 12 mois.
- Suspension temporaire des procédures simplifiées.
Les sanctions doivent être « efficaces, proportionnées et dissuasives », encourager une conformité proactive et décourager les comportements à risque.
Implications pour les entreprises
L'EUDR a des implications considérables pour les entreprises opérant dans les chaînes d'approvisionnement internationales. Ces effets vont des stratégies d'approvisionnement à l'adoption de nouvelles technologies.
Impact sur les chaînes d'approvisionnement
Le RDUE influence considérablement la gestion des chaînes d'approvisionnement des entreprises. Pour rester en conformité, les entreprises doivent garantir :
- Transparence totale de la source à l'étagère.
- Coopération avec les fournisseurs en amont, y compris les petits exploitants agricoles.
- Élimination des approvisionnements liés à la déforestation, quelle que soit leur légalité.
Cela exerce une pression sur les entreprises qui s’approvisionnent dans des régions comme l’Asie du Sud-Est, l’Amérique latine et l’Afrique subsaharienne, où les risques de déforestation sont élevés et la disponibilité des données limitée.
Certaines entreprises pourraient devoir changer de fournisseurs, renégocier leurs contrats ou restructurer complètement leurs stratégies d'approvisionnement. Bien que difficiles, ces efforts peuvent également conduire à des chaînes d'approvisionnement plus résilientes et durables.
Besoin de nouveaux outils et systèmes
Pour répondre aux exigences techniques et juridiques du RDUE, les entreprises se tournent vers des solutions numériques avancées qui améliorent la visibilité, la traçabilité et les capacités de reporting de leur chaîne d'approvisionnement. Ces outils aident les entreprises à collecter, vérifier et gérer leurs données conformément aux exigences strictes du règlement.
Les principales catégories d’outils et leurs fonctions comprennent :
Plateformes de cartographie de la chaîne d'approvisionnement.
Ces systèmes permettent aux entreprises de retracer leurs produits jusqu'à leur source, y compris les fournisseurs indirects, et de visualiser les zones à risque grâce aux données de géolocalisation. Ils prennent en charge les pistes d'audit et peuvent être intégrés aux processus de conformité internes.
Services de surveillance des forêts et d'alerte par satellite.
Les plateformes satellitaires détectent en temps réel les changements dans le couvert forestier, tels que la déforestation ou la dégradation. Elles permettent d'évaluer les risques dans des régions spécifiques et de vérifier que les parcelles de production restent exemptes de déforestation après le 31 décembre 2020.
Outils d’analyse géospatiale et d’évaluation des risques.
Ils fournissent des alertes personnalisées, une classification de l’utilisation des terres et des informations prédictives pour identifier et gérer les risques dans les chaînes d’approvisionnement à haut risque.
Systèmes d’entreprise avec fonctionnalités de conformité intégrées.
De nombreuses entreprises intègrent le suivi géospatial et les rapports de diligence raisonnable à leurs systèmes de planification des ressources d'entreprise (ERP). Cela permet des vérifications automatisées, le contrôle des versions, une documentation sécurisée et une préparation aux inspections ou aux audits.
En investissant dans une telle infrastructure numérique, les entreprises garantissent non seulement leur conformité réglementaire, mais aussi un meilleur contrôle de leurs opérations. Ces technologies réduisent le travail manuel, améliorent la transparence et renforcent la confiance des régulateurs, des clients et des parties prenantes.
Critiques et défis
Malgré sa forte vocation environnementale, l'EUDR a suscité des critiques de la part de multiples parties prenantes. L'une des principales préoccupations concerne la disponibilité des données. Dans de nombreuses régions, notamment dans les pays en développement, les données de géolocalisation sont peu fiables, obsolètes ou tout simplement non collectées. Il est donc difficile pour les entreprises de respecter leurs obligations de traçabilité, notamment lorsqu'elles s'approvisionnent auprès de petites exploitations agricoles.
Un autre problème concerne l'impact économique sur les pays producteurs. Les exportateurs d'Amérique latine, d'Asie du Sud-Est et d'Afrique affirment que la réglementation impose des coûts et une complexité supplémentaires, ce qui pourrait nuire aux relations commerciales et réduire l'accès au marché pour les producteurs locaux. Des pays comme le Brésil et l'Indonésie ont qualifié la réglementation d'unilatérale et de protectionniste, ce qui a exacerbé les tensions dans les négociations internationales.
Le risque d'exclusion des petits exploitants est un sujet particulièrement sensible. Ces producteurs manquent souvent de ressources, d'outils numériques ou de documents pour prouver leur conformité. Sans soutien ciblé, ils risquent d'être exclus des chaînes d'approvisionnement de l'UE, aggravant ainsi la pauvreté et les inégalités dans les régions vulnérables. Les critiques affirment que l'EUDR, bien que bien intentionné, pourrait involontairement renforcer les déséquilibres de pouvoir existants dans le commerce mondial.
La Commission européenne prend acte de ces préoccupations et s'est engagée à offrir une assistance technique, à développer des partenariats avec les pays producteurs et à promouvoir des stratégies de mise en œuvre inclusives. Cependant, combler l'écart entre l'ambition réglementaire et les réalités pratiques reste l'un des plus grands défis à venir.
EUDR.co : un outil pratique pour optimiser la conformité à l'EUDR
À l'approche de la date limite d'application du RDUE, la conformité est devenue une priorité complexe et urgente pour les entreprises des secteurs concernés. C'est là que EUDR.co Une ressource dédiée, conçue pour accompagner les entreprises à chaque étape de la réglementation, est disponible. La plateforme propose des outils pratiques et des informations actualisées pour les aider à collecter les données requises, à évaluer les risques de déforestation et à respecter leurs obligations de diligence raisonnable en toute confiance.
EUDR.co simplifie la traçabilité, clarifie les exigences légales et allège la charge de conformité grâce à des listes de contrôle structurées, des conseils d'experts et des modèles de planification stratégique. Qu'il s'agisse de cartographier les chaînes d'approvisionnement, de collecter des données de géolocalisation ou de préparer des audits, EUDR.co transforme la pression réglementaire en une feuille de route claire pour un approvisionnement responsable et une résilience opérationnelle à long terme.
Conclusion
Le règlement EUDR marque une évolution significative dans l'approche de l'UE en matière de développement durable, de commerce et de protection de l'environnement. En exigeant que les produits soient exempts de déforestation et entièrement traçables, il incite les entreprises à assumer une plus grande responsabilité quant à leur impact global. Si la mise en conformité peut s'avérer complexe, notamment pour les entreprises opérant dans des régions à haut risque, ce règlement offre également une opportunité concrète de montrer la voie en matière d'approvisionnement éthique et durable.
Pour les professionnels impliqués dans la gestion de la chaîne d'approvisionnement, les achats ou le développement durable des entreprises, l'EUDR n'est pas seulement une obligation légale : c'est un impératif stratégique. Ceux qui s'adaptent rapidement et investissent dans la transparence seront mieux placés pour accéder au marché européen, renforcer la confiance des parties prenantes et pérenniser leurs activités dans un paysage réglementaire en constante évolution.
FAQ
1. Qu'est-ce que l'EUDR ?
Le Règlement de l'Union européenne sur la déforestation (EUDR) est un cadre juridique adopté par l'UE en juin 2023 sous la forme du Règlement (UE) 2023/1115. Son objectif est de garantir que certains produits à haut risque mis sur le marché de l'UE ou exportés depuis celui-ci ne soient pas liés à la déforestation ou à la dégradation des forêts. Pour être conformes, les produits doivent être certifiés exempts de déforestation (c'est-à-dire produits sur des terres non déforestées après le 31 décembre 2020) et conformes à la législation du pays producteur. Ce règlement s'inscrit dans le cadre plus large de l'action de l'UE pour lutter contre le changement climatique, protéger la biodiversité et promouvoir des pratiques commerciales éthiques et durables.
2. Quand l’EUDR entre-t-il en vigueur ?
L'EUDR entre en vigueur progressivement. Les grandes entreprises doivent s'y conformer avant le 30 décembre 2025, tandis que les petites et microentreprises ont jusqu'au 30 juin 2026. Ces délais s'appliquent aussi bien à la mise sur le marché de l'UE qu'à son exportation. Cependant, la période préparatoire précédant ces dates est cruciale, car les entreprises sont censées mettre en place des systèmes internes, engager des fournisseurs et collecter les données requises bien à l'avance. Le non-respect de cette échéance peut entraîner des sanctions juridiques, des perturbations commerciales ou la perte d'accès au marché.
3. Quels produits sont concernés par l’EUDR ?
Le règlement couvre sept produits à haut risque, connus pour favoriser la déforestation : le bétail, le cacao, le café, l’huile de palme, le soja, le bois et le caoutchouc. Il s’applique également à de nombreux produits dérivés de ces produits, tels que le cuir, le chocolat, les meubles, le papier, les livres et certains articles en caoutchouc. De plus, tout produit contenant ces produits, ayant été nourri avec ou fabriqué à partir de ces produits relève du champ d’application du RDUE. Ce large champ d’application implique que de nombreux secteurs – de l’alimentation à la mode en passant par l’ameublement – doivent garantir une conformité totale tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement.
4. Que doivent faire les entreprises pour se conformer ?
Les entreprises doivent mettre en œuvre un système rigoureux de diligence raisonnable avant de commercialiser leurs produits sur le marché de l'UE. Ce système comprend la collecte d'informations complètes sur l'origine des produits, la cartographie des chaînes d'approvisionnement, la géolocalisation des parcelles de production et la vérification du respect des lois locales et de la date butoir de l'UE en matière de déforestation. Elles doivent évaluer les risques liés à la déforestation et les risques juridiques, prendre des mesures d'atténuation si nécessaire et soumettre une déclaration formelle de diligence raisonnable au système d'information de l'UE. Même si un produit est techniquement légal ou certifié, l'absence de diligence raisonnable constitue une non-conformité au règlement.
5. Quelles sont les sanctions en cas de non-respect ?
Le non-respect du RDUE peut entraîner diverses sanctions, selon la gravité de la violation. Ces sanctions peuvent inclure des amendes pouvant atteindre 4% du chiffre d'affaires de l'entreprise dans l'UE, la confiscation ou la destruction des marchandises, l'interdiction temporaire d'accès au marché de l'UE, l'exclusion des marchés publics ou des financements européens, voire la suspension des procédures d'importation simplifiées. Les autorités nationales sont responsables de l'application de la réglementation et appliqueront une approche d'inspection fondée sur les risques, comprenant des contrôles documentaires et des investigations physiques. Les sanctions sont conçues pour être efficaces, proportionnées et dissuasives.
6. Comment les entreprises peuvent-elles retracer l’origine des produits ?
Pour retracer l'origine des produits, les entreprises doivent collecter des données de géolocalisation précises sur les terres où les matières premières ont été produites, jusqu'à la parcelle. Cela permet aux autorités de contrôle de vérifier qu'aucune déforestation n'a eu lieu après la date butoir de 2020. Les entreprises utilisent généralement une combinaison de documentation interne, de déclarations de chaîne d'approvisionnement, d'imagerie satellite et d'outils de traçabilité numérique pour suivre et valider les données d'origine. L'exactitude, la transparence et la vérifiabilité sont essentielles : sans traçabilité fiable, les entreprises ne peuvent ni vendre ni exporter légalement les produits couverts par l'EUDR.
7. À quels défis les entreprises sont-elles confrontées ?
Parmi les principaux défis figurent la disponibilité et la qualité des données, notamment lorsqu'elles s'approvisionnent auprès de petits exploitants ou de zones reculées où les registres numériques et les infrastructures de géolocalisation peuvent faire défaut. De nombreuses entreprises doivent collaborer étroitement avec leurs fournisseurs en amont pour obtenir la documentation nécessaire et les preuves de conformité. À cela s'ajoutent le coût et la complexité de la mise en place de systèmes de diligence raisonnable, de l'évaluation des risques et de la formation du personnel. De plus, il existe un risque d'exclusion des petits producteurs qui ne peuvent pas satisfaire aux exigences techniques, ce qui soulève des inquiétudes quant à l'équité et à l'accès aux marchés de l'UE, en particulier pour les fournisseurs des pays du Sud.